Je ne suis pas éditrice mais 3

J’ai été trouver Melville pour éditer Bois Dormant, vivre avec les ronces parce que j’avais adoré la mini-campagne que j’avais jouée en colo rôliste.

Au départ, on devait juste playtester le worldbuilding. Mais on s’est pris au jeu et on a joué chaque matin ensuite et en off le samedi soir… en marge des parties prévues au planning, en rognant sur les apéros, les conversations et le sommeil. J’ai fini déglinguée. Je me suis endormie sur un créneau officiel (la honte). C’était n’importe quoi.

Bois dormant se situe dans une ville transformée en huis clos par un blocus gouvernemental ; parce que 90 % des habitants sont tombés dans un coma étrange et qu’on ne sait toujours pas d’où ça vient ni comment ça fonctionne. La ville est devenue une zone de post-apo, où la nature est devenue folle, les bâtiments aussi, et les gens pas beaucoup mieux. Mais ce genre de secousse, ça peut ouvrir des horizons.

On joue des personnes qui ont décidé de saisir cette chance de repartir à zéro, rester et construire une communauté qui vaut le coup. Dans ce décor urbain, Bois Dormant parle de relations, de ce qui fait communauté. De s’aimer, se faire confiance et se pardonner.

Yirminadingrad

Or, dans le catalogue Dystopia, il y a l’empreinte de Yirminadingrad, qui serait une ville de l’Est au bord de la mer noire. Entre architecture brutaliste, autostrades et passerelles. Une ambiance de béton, de pollution, de guerres au loin. Et des flashes oniriques, un peu à la Enki Bilal. Une étrangeté avec laquelle on compose au quotidien. Des bribes d’utopies déchues, aussi.

Yirminadingrad a été construite collectivement, par l’ajout de briques successives : Yama Loka Terminus, dernières nouvelles de Yirminadingrad, puis Bara Yogoi, sept autres lieux, puis Tadjélé, récits d’exil, puis Adar, retour à Yirminadingrad. Des recueils de nouvelles signés à plusieurs mains, où on ignore qui a fait quoi. Puis un spectacle, puis des créations sonores, une fiction radiophonique

Yirminadingrad est chorale, à la fois parce que des personnages très différents y prennent la parole et posent des regards contradictoires sur le monde, et aussi parce que des créateurices différent.e.s s’en emparent. Une création multiple, collective et mutante comme peut l’être une partie de JDR, a fortiori sans MJ.

En regard, Nous qui n’existons pas est une voix nue, sans l’artifice de la fiction. Un témoignage lancé comme on amorce une conversation, pour que d’autres parlent, pour partager quelque chose qu’on n’osait pas dire avant. Nous qui n’existons pas parle du difficile chemin vers soi-même quand on ne rentre pas dans les cases. De la découverte et de l’acceptation de soi… et de l’autre. Une thématique qui imprègne aussi Bois dormant jusqu’à l’os.

Editer Bois Dormant chez Dystopia, c’est le proposer comme une sorte de chaînon manquant entre ces œuvres-là.

Ça a du sens.

 

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